10 mai : Invasion de la Hollande et du Luxembourg par l’Allemagne. Attaques aériennes sur la Belgique qui invoque […] franco-britannique. Les troupes alliées passent la frontière belge. Dans le secteur, raid sur Blenod par 27 avions par l’ennemi aux premières heures de la matinée qui provoque la mort de cinq personnes (dont un officier). 15 mai : Le 24e régiment cantonné dans la région de Dieulourd est embarqué par camion dans la soirée. Il forme le Régiment de tête de la 10e DI. Après ordre du Général de division, le colonel Sausse et les chef de bataillon déploient le 24e RI sur « l’Aisne dont il tiendra défensivement la rive Sud, sans esprit de recul, sur le front Château-Porcien inclus à Vieux-les-Asfeld exclu. […] 14 km à vol d’oiseau, en environ une vingtaine en tenant compte des méandres de l’Aisne, très nombreux. […] Le canal des Ardennes ne sera considéré que comme un doublement de celle-ci. » (extrait d’un rapport fait par le Colonel Sausse de mémoire durant le captivité en 1940 ou 1941). La position du régiment prend le nom de sous-secteur de St-Loup. Le secteur est divisé en 2 quartiers : Est et Ouest. Le 1er bataillon tient le secteur Ouest. Ce plan servira presque sans changement pendant les combats jusqu’au 25 mai.
16 avril : Déploiement du régiment avant la nuit au milieu de difficultés considérables : survol incessant de l’aviation ennemie complément maîtresse de l’air et prête à attaquer à la bombe à tout instant. Routes embouteillées par des colonnes entières de réfugiés et de véhicules ou par des éléments de troupes en repli refluant en sens inverse de la marche du 24e RI absence de cartes, front de 20 km. Les abords de l’Aisne sont extrêmement couverts par des rideaux d’arbres et des taillis épais. Cette particularité rend difficile l’établissement d’une ligne continue de feux. Cependant elle procure l’avantage de communications latérales à l’abri des vues. La rive nord de l’Aisne est dominante (par endroit falaises), particularité qui sera des plus gênantes après sont occupation par l’ennemi.
La 3e compagnie occupe : - le sous-quartier centre (sous les ordres du lieutenant Lombard), de Château-Porcien exclu à la Ferme de Pargny incluse - le sous-quartier Est (sous les ordres du lieutenant Moreau), du Pont du Canal à 1200m Nord-Est de Blanzy inclus à l’Île de Balham incluse
Source : journaux de marche du 24e RI conservés au Service historique de la défense - Château de Vincennes


Le PC du colonel Sausse est situé à Saint-Loup dans la dernière maison à l’angle de la route départementale qui monte en pente douce vers Blanzy et de la rue basse. Au signal sont installés un poste de commandement et un poste d’observation. Le 2e bataillon occupe la ligne d’arrêt au signal Saint Loup, cote 146 et bois Jean Claude.
Du 17 au 20 mai, le 24e régiment d'infanterie s’oppose à plusieurs tentatives de franchissement de la rivière par les Allemands, les rejetant à chaque fois avec des pertes sensibles par de vigoureuses contre-attaques. Le régiment remporte un succès en maintenant ses positions malgré l’étendue de son front. Entre le 21 et le 23 mai le régiment profita du répit pour ré-articuler son dispositif Le 9 juin à 3h30 un violent bombardement par mines, avions et artillerie se déclenche sur l’ensemble de la position. De violents combats ont lieu les 9 et 10 juin. Les troupes allemandes sont supérieures en nombre et en armes blindées. 10 juin : enfoncement de la ligne d’arrêt. Malgré la résistance des différents bataillons le régiment est complètement encerclé et son colonel est fait prisonnier. Le drapeau est sauvé, le dernier coup de feu est tiré à 23 heures. Des rescapés participent à la défense de la Suippe. Le 24e RI après ces violents combats n’existe plus, mais il a tenu sa mission « tenir sans esprit de recul »5. Le colonel allemand dira au colonel Sausse : « Je vous félicite de la magnifique résistance de votre régiment, ce fut très dur pour nous. » Au départ de Paris le 24e comptait 83 officiers, 250 sous-officiers, et 2 800 hommes, il ne reste que 8 officiers, 47 sous-officiers et 350 hommes. Sur le terroir de Saint Loup 86 soldats sont décédés dont le Chef d'Escadrons - (Commandant) Robert de Vansay du 19e GRCA. Le 24e RI dépend de la 10e DI avec les 5e RI, 46e RI et 32e RA. Tous ces régiments sont en garnison à Paris.  
Source : wikipédia

Du 18 au 22 mai : combats de Château-Porcien, Asfeld-la-Ville et Balham

 18 mai, attaque sur la région de Château-Porcien (et des rives de l’Aisne) : devant l’Aisne, entre l’Aisne et canal, Pargny (dont le ferme de Pargny ou se trouve une partie de la 3e cie) et La Villette. Pression de l’ennemi sérieuse car plus nombreux et attaque par les airs malgré la ténacité des défenseurs. Il sera rapidement décidé de détruire les ponts de l’Aisne (Balham, Asfeld-la-Ville puis Vieux-les-Asfeld) mais de laisser celui du canal (les ponts seront d’ailleurs mal détruits et ne présenteront qu’un simple coupure, infranchissable aux engins blindés mais insuffisants contre l’infanterie). Malgré la violence des combats, aucun élément ennemi ne parvient à franchir l’Aisne. L’Allemagne essuie des pertes sévères.  La 3e compagnie sera félicitée pour sa belle résistance. A l’issue de ce combat, Pargny sera renforcé par des pelotons motos. D’autres tentatives seront menées les 19, 20 et 21 mai. Les positions où les allemands auront progressé seront reprises.

19 mai, attaque de Balham 
: la section du sous-lieutenant Palmot de la 3e cie tient en partie la position village de Balham. Les allemands atteignent l’Aisne vers 15h à l’Ouest de Balham et d’autre part face au vieux moulin à la corne N/E du village. A ce moment l’ennemi encercle la position par l’Est et le Sud-Ouest. La section Palmot se défend avec un courage admirable faisant face à ses ennemis en avant et sur les deux flancs. Elle ne cède le terrain que pied à pied, maison par maison, animée par son chef qui se bat avec une énergie farouche et se porte partout ou l’ennemi devient trop pressant. Cette héroïque résistance durera jusqu’à 16h. Plus tard, les prisonniers allemands seront stupéfaits d’apprendre qu’ils n’avaient devant eux qu’une simple section. Le sous-lieutenant organise son repli sur le canal. Les allemands, dans les traces de la section Palmot abordent maintenant le canal. Ils se heurtent à ce moment au dispositif organisé par le lieutenant Moreau (3ecie) pendant le combat de Balham. Une contre-attaque est sérieusement organiser pour reprendre Balham mené par le commandant Levert avec renforcement par 3 sections et artillerie. Les allemands cèdent et se repli un peu après 19h. Au cours de la nuit, la section Palmot a complètement nettoyé le village.
Echec grave et couteux pour l’ennemi. Le succès du régiment est complet. A la suite de ces journées, le moral des cadres et des hommes est à son maximum. Ils ont dominé un ennemi plus nombreux et à l’initiative des opérations. Il en résultera un esprit d’audace et d’entreprise développé. Les patrouilles passeront fréquemment l’Aisne pour aller jusqu’aux lignes ennemies.

Du 22 mai au 8 juin inclus
Les Allemands ont renoncé à passer l’Aisne de vive force et le 24e régiment poursuit activement son organisation défensive.

Les 9 et 10 juin : bataille de l’Aisne
Depuis début juin, il devient visible que l’ennemi s’apprête à passer à l’offensive (travaux nombreux, allers-retours de camions incessants, installation de nouvelles batteries). Côté français, l’absence d’observation par aviation se fait cruellement ressentir. L’avion d’observation allemand sillonne le ciel sur les positions françaises nuit et jour. Le 9 juin, à 3h30, l’ensemble des positions sont soumises à de violents bombardements jusqu’à 4h du matin puis le fond de la vallée de l’Aisne est bientôt noyé sous un épais brouillard artificiel qui arrête la visibilité à 3 pas. L’action de l’infanterie allemande est déclenchée vers 4h sur l’ensemble du front. L’artillerie française réagit bien mais la tâche est tellement importante que ses tirs ne pourront empêcher l’ennemi de franchir l’Aisne en maints endroits. Secteur centre : Les allemands progressent peu à peu vers le canal et notamment en prenant de flanc droit la ferme de Pargny ou se trouve une section de la 3e cie dirigée par le lieutenant Moreau. Les renseignements qui arrivent ne permettent pas d’envisager la contre-attaque avant 12h15 en raison de l’éloignement des chars et surtout du CRD et des difficultés d’approche. Cette heure paraît tardive mais ce sont les seuls moyens du sous-secteur, il faut bien se résoudre à les attendre. Dès lors, la possibilité de rétablissement est liée à la capacité de résistance de la première ligne… Le sous-quartier centre, 3e compagnie menée par le Lieutenant Moreau est le théâtre d’une lutte farouche qui va durer de 4h30 à 12h30. La 3e cie est débordée par sa droite dont les points d’appuis sont encerclés et attaqués sur toute leur force : les points d’appui succomberont les uns après les autres souvent par manque de munition. La 3e cie a plus de l moitié de son effectif tué ou blessé. A 11H30, la cie de chard vient d’arriver à Saint-Loup. Un renseignement signale que l’escadron du CRD ne pourra pas rejoindre avant 13h30 à la suite de difficulté de routes dues au vol incessant des avions. Les contre-attaques sont remises à 15h au cas où la situation le permettrait encore. Aucun renseignement ne parvient plus des 2e et 3e compagnies, étant coupées de leur bataillon. Le commandant de sous-secteur décide d’utiliser les chars pour desserrer l’étrainte autour du Poste de contrôle du 1er bataillon dans le bois de la coque afin de tenter de conserver la communication avec celui-ci. Les chard attendront au Bois de la Coque l’arriver de l’escadron du CRD dont l’intervention lui a été annoncée. La mission envoyé au chars changent, on décide qu’il est trop tard et qu’il faut allé défendre la côté 146 (et plus 104). Cependant, cet ordre n’arrivera pas à temps au CRD qui rejoindra le Bois de la Coque alors que les chars se sont déjà repliés. L’ennemi a déjà pris place. L’escadron avec un courage admirable tentera de forcer le passage. Il réussit d’abord à progresser mais un violent tir d’artillerie déclenché par l’inlassable avion d’observation arrêtera sa progression et le clouera au sol. Son action aura cependant pour résultat d’arrêter la progression de l’ennemi. Dorénavant, tout espoir de contre-attaque devra être abandonné. Dès lors l’encerclement du PC du 1er bataillon ne peut plus être évité. Peu à peu, dans la soirée, l’ennemi le réalise. Le commandant du régiment suivra angoissé la lutte héroïque menée par le chef du 1er bataillon (Levert). Il le soutiendra au mieux par l’artillerie avec l’espoir d’atteindre la nuit pour tenter de replier avec les derniers défenseurs jusqu’à la ligne d’arrêt. Bientôt les munitations deviennent pressantes. Certaines chenillettes forcent le passage et parviennent à ravitailler en munitions. Les deux tentatives de passage après 17h30 échoueront. Vers 20h30 , l’ennemi pênetre dans le bois et Levert dira « Tout est perdu ». L’ennemi avance maintennat partout devant des armes muettes, il est 21h. Le colonel veut malgré tout tenter un repli à la nuit. Il envoie un message radio à Levert, mais devant le silence radio, il comprend que le bataillon a du succomber. Secteur est (Joseph Tessier ayant été fait prisonnier le 9 juin, l’hypothèque qu’il fasse partie des ces éléments de combats est moins probante) : une autre section de la 3e cie dirigée par le Lieutenant Lombard a été transférée vers le 3e bataillon et se trouve à cet endroit. A 7h, les allemands ont pris pied sur l’Aisne, mais seulement au centre du dispositif de la 11E compagnie. A cet endroit, l’Aisne et le canal se rejoignent presque. Assez rapidement, ils franchissent le canal et s’introduisent dans le Pc du commandant de cie le Lieutenant Chevrier. Mais pendant longtemps, pris par les flancs, ils ne pourront développer l’offensive, pris par les feux des autres sections de la 11e cie. Cependant, s’étant renforcés, les allemand progresse à ce moment là vers Blanzy ou se trouve une la section de la 3e cie. Des tentative pour enrayer la progression allemande seront efectués mais resteront vaines. Le 3e bataillon tient donc face au Nord sur l’Aisne par la 9E et la 10e cie, dont le front est intact et face à l’Est au vergeret à côte 104 par les éléments repliés de la 11e cie et par la 3e cie. Le situation reste sans changement toute la fin de matinée et le début d’après-midi. Le 3e bataillon tentera vers 16h30 de contre-attaquer en direction du canal avec la 5e cie et à sa gauche une section de la 10e cie insuffisamment appuyée et non combinée avec une action de l’artillerie. Peu après, l’ennemi accentue sa progression en direction de Blanzy contre le point d’appui du verger et la cote 104 qui tient 2 sections de la 3e cie et s’infiltre de plus en plus vers le Sud ou rien ne peut l’arrêter avant la ligne d’arrêt. En effet, à 17h, seul le Point d’appui du Bois de la Coque tient toujours. Il a donc plusieurs kilomètre de champs libre entre les 2 côtes 104. Les tirs de l’artillerie française seront impuissants à le contenir. Il semble qu’il ait déjà pu jeter des ponts sur l’Aisne et le canal car à 17h30, les premiers chars et automitrailleuses apparaissent dans la bataille. A 19h, l’ennemi s’est emparé de la cote 104 (Blanzy) ll sera contenu sur cette position par les défenseurs de Blanzy toute la journée du 9. En fin de journée du ç juin, la situation paraît d’une extrême gravité. L’ennemi a entièrement conquis le quartier Est et ses éléments sont aux prises avec les défenseurs de la ligne d’arrêt à la cote 146. L’apparition des chars prouve que l’ennemi a établit des ponts sur l’Aisne et le canal. L’absence totale d’aviation ne permet pas de les repérer pour agir par artillerie contre eux. La nuit met fin à la lutte, elle sera entièrement calme. La nuit est utilisé à renforcer consolider ce qui reste de la position du 24e RI. Le commandant du sous-secteur établit un nouveau plan de feu de contre-offensive comprenant l’artillerie mais c’était sans compter le repli de l’artillerie dans la nuit (ayant reçu des ordres par un autre biais). Ce qui reste de l’infanterie déjà si éprouvée sera seul pour le choc du lendemain. La journée du 10 juin sera marquée par l’écrasement de la défense héroïque de Blanzy et de la ligne d’arrêt. Dès 6h, l’ennemi progresse derrière ses chars. Un certains nombre d’éléments ont réussit à se replier en passant à travers les bois pour éviter les chars. Une résistance tiendra encore jusqu’à 8h autour du PC de Saint-Loup mais sera rapidement balayée, les allemands débouchant sur la cote 146 par la voie romaine et ayant pénétré dans le village de Saint-Loup par les jardins (évitant les barricades). Au PC du RI, il n’y a plus que quelques téléphones, radios et agents de transmission. Le colonel Sausse demandera de détruire les éléments non transportables avant de se replier sur Roizy par les couverts du ruisseau de Saint-Loup. Ils réussiront. Blanzy va cependant être toute la journée du 10 le théâtre d’une opitniatre lutte soutenue par les unités du 3e bataillon qui résistent encore et dont fait partie une section de la 3e cie qui seront refoulés vers 18h.Après, c’est un combat de rue qui commence. Blanzy sera incendiée par obus et les fusillades dureront jusqu’à 23h. Au cours de la nuit, le lieutenant Lombard organise le repli d’environ 150 hommes par la Suippe à Boult-Saint-Suippe. Celui-ci sera tué alors qu’il faisait une reconnaissance sur l’autre rive pour tenter de jeter une passerelle. Ainsi se termine pour le 2e RI la bataille de l’Aisne. Seuls 400 hommes ont réussit à se replier. Les autres sont tués, blessés ou prisonniers. De nouvelles pertes seront essuyées au cours du repli. Le Colonel et 2 chef des bataillons seront prisonnier, le 3e étant tué. Le 24e RI a effectué la mission qui lui avait été confiée : « tenir sans esprit de recul ». Il y est demeuré jusqu’au bout. Il lui reste de s’être battu héroïquement jusqu’au bout. Lorsque le colonel avec ses deux officiers seront conduit devant le colonel allemand qui menait l’attaque devant saint-Loup il dira : « Je vous félicite pour la magnifique résistance de votre régiment. Ce fut très dur pour nous. » Or à ce moment, le 3e bataillon tenait toujours devant Blanzy et il tiendra jusqu’au soir.

Source : « Le 24e Régiment d’Infanterie sur L’Aisne -16 mai au 10 juin 1940 - par le Colonel Sausse », document écrit pendant la captivité.