Forteresse de Graudenz (Grudziądz) – prison militaire 
Incarcération à la prison de Graudenz. Pas de date d’arrivée. Déclaré sur fiche médicale après la guerre au centre de rapatriement d’Anemasse. Aucune indication sur le temps passé à cet endroit. 
A lire : Graudenz – Pologne - La forteresse de la mort lente – Jean-Charles Lheureux – 1983 
A visiter : Porte d’entrée du centre pénitentiaire avec plaque commémorative 
 
Graudenz : La Forteresse de la mort lente. Aujourd’hui Centre pénitencier civile mixte « Grundenz ». 
Situé en Pologne, au bord de la Vistule, à un peu plus de 100 kilomètres au Nord de Varsovie, la forteresse de Graudenz était la cellule mère de toute une organisation de camps annexes, répartis à l’Est du territoire allemand et de ses territoires annexés. 


Des prisonniers de guerre français de tous grades y ont été internés. Rebelles à la discipline des autres camps d’internement et en particulier ceux qui avaient comparu devant un tribunal militaire allemand voire un simple officier de justice, pour « actes portant atteinte à la puissance morale ou à la force matérielle de l’Allemagne en guerre ». En réalité, tout ce qui pouvait être considéré comme résistance ou attitude hostile de la part d’un prisonnier de guerre, méritait d’être sévèrement puni de prison en forteresse, selon le principe de la terreur substitué à celui de la justice. 
La Convention de Genève de 1925 s’appliquant aux prisonniers de guerre n’était pas observée à Graudenz, dont le régime était à peu près identique à celui des camps de concentration, le crématoire en moins. 
Les prisonniers n’ont pas le droit de lire, de parler à haute voix, de fumer, de jouer aux cartes ou à quelque jeu que ce soit, de siffler, de chanter, d’écrire, de posséder un couteau ou un crayon, de recevoir un colis individuel dont le contenu était confisqué ou les vivres de la Croix Rouge. Le courrier, quand il était distribué, était limité à une lettre par mois. 
A la moindre indiscipline les coups étaient distribués généreusement. Le sommeil était volontairement fragmenté par des appels fréquents interminables. 
Le travail, forcé, était fait dans des conditions extrêmement dures, pendant une journée commençant avec le réveil à 5 heures, une heure d’exercices physiques divers obligatoires, puis une marche de plusieurs kilomètres vers le lieu de travail ou Kommandos, suivie de 10 heures de travail et cela, six jours par semaine. Le Dimanche, travail le matin suivi l’après midi de rassemblements divers, nettoyages et revues, le tout sous la contrainte. 
Pour supporter ce régime disciplinaire, les prisonniers recevaient une ration quotidienne limitée à 200 grammes de pain et de la soupe claire. 
 
La réputation de cette forteresse était terrible : un prisonnier de guerre devant y subir une peine supérieure à une année, était assuré de ne pas en sortir vivant. 
Combien de prisonniers français y ont été incarcérés ? On ne le sait pas exactement car les dossiers ont été détruits lors de la libération de ce camp. On avance les chiffres de 7.000 à 9.000, mais 14.000 environ semble le plus probable. Combien en sont revenus ? 3.000 à 4.000 guère plus. Ces chiffres se passent de tous commentaires et résument la brutalité de la détention dans cette forteresse. 
Après la guerre les survivants se sont regroupés au sein de l’Union des Internés de la Prison Forteresse de Graudenz, pour éviter que le souvenir de ce qui a été soit perdu, car Graudenz, qui s’en souvient ? 
Les anciens internés disparaissent peu à peu et n’existeront bientôt plus. Leurs enfants assurent maintenant la relève du souvenir. N’oublions pas, non pour aviver le ressentiment, mais pour garder en mémoire que la justice et la tolérance sont des vertus fragile. 
Article fait à partir des éléments contenus dans le livre écrit en 1985, par Monsieur Jean-Charles Lheureux. 
Guy Ménard - Jean-Louis Vasserot. Sainte-Luce sur Loire.